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Mais certains visionnaires
ont choisi de réinventer
leur secteur de commerce.
- Allons-y, mesdames.
Deux articles au Gervais...
- [Narrateur]: Au Québec,
s'il y a un nom qui a fortement
marqué le domaine
de l'alimentation, c'est bien
celui de Sam Steinberg.
Dès l'âge de 10 ans, ce fils
d'immigrants juifs hongrois
a été initié au commerce
de détail dans la petite
épicerie que tenait sa mère,
Ida. Inspiré par ce qu'il a vu
aux États-Unis, il démarre au
Québec un tout nouveau concept
de marché d'alimentation.
- Steinberg a révolutionné le
marché de l'alimentation, parce
qu'il est arrivé avec, d'abord,
un libre-service, vers 1933
et, par la suite, avec une
grande surface, un supermarché,
un premier supermarché, vers
1938... 37, 38... Alors que
les concurrents n'avaient que de
petits marchés d'alimentation.
- [Narrateur]: Avec le concept
de libre-service, c'était sans
doute très excitant pour les
gens de se promener dans les
allées, pour choisir eux-mêmes
les produits sur les tablettes
et dans les comptoirs ouverts.
Tout cela, à l'aide d'une grande
nouveauté: le panier d'épicerie.
- Alors, ce que Steinberg
a amené, également,
dans l'alimentation,
c'était que quelqu'un qui allait
chez Steinberg, qui voulait
seulement acheter un pain
puis une pinte de lait,
il est obligé de faire quasiment
le tour du magasin pour
le trouver, l'idée étant qu'en
passant là-dedans, il va peut-
être acheter d'autre chose! Et
il y avait cette astuce voulant
que le produit qu'on veut vendre
le plus, on le met à la hauteur
des yeux. Parce que le produit
à la hauteur des yeux va se
vendre entre 2, 3 et 4 fois plus
que le produit qui est à une
rangée ou deux rangées plus bas.
- C'était une véritable
locomotive d'innovation
au Québec, grââce à ça:
il avait le flair du commerce,
àà tel point, donc,
que des Québécois... on passé
l'expression "chez Steinberg"
dans l'expression populaire;
on ne faisait pas son épicerie,
on faisait son Steinberg.
- Si vous avez pas connu
la popularité des magasins
Steinberg, de deux choses
l'une: vous étiez pas
sur la même planète ou bien
vous étiez beaucoup trop jeune
pour le réaliser.
- [Narrateur]: Au cours
de la Deuxième Guerre mondiale,
grâce à des prix compétitifs
et un excellent service
à la clientèle, Sam Steinberg
suscite de plus en plus
d'enthousiasme auprès du public.
De plus, il achète québécois.
- [Narrateur]: Il faudra
cependant un peu plus
de doigté pour amadouer
le clergé catholique.
- Steinberg a été le premier
à exiger, par exemple, que
des caissières soient bilingues,
alors que jusque là, dans les
grands commerces, on n'engageait
que des unilingues anglophones,
si bien que les Québécois
se sentaient très proches
de Steinberg, c'était comme un
frère pour eux, même s'il était
Juif, s'il était anglophone,
ça ne changeait rien pour les
Québécois, parce qu'il avait eu
ce souci de bien servir les
Québécois francophones, alors
que la majorité du commerce, à
l'époque, exigeait des Québécois
qu'ils parlent anglais.
- [Narrateur]: En 1952,
avec un chiffre d'affaires
de 70 millions de dollars,
Steinberg est le no1 à Montréal.
Ses entrepôts lui permettent
d'acheter en grande quantité
et de vendre à des prix
défiant toute concurrence.
Steinberg étend son empire
et se lance dans la construction
de supermarchés dans
les nouvelles banlieues.
- À Baie-Comeau, où on est allés
ouvrir en 1958, on n'était pas
dans la ville même, on était
à mi-chemin entre Hauterive
et Baie-Comeau. Sa vision
des choses était que c'était
pour développer, parce
qu'un magasin Steinberg
amenait du développement
alentour de nous autres.
- [Narrateur]: Il est facile de
comprendre que dans le domaine
de l'alimentation, au Québec,
Steinberg est rapidement devenu
à la fois une école pour les
épiciers indépendants, mais
aussi l'ennemi à abattre.
- Les indépendants se sont dits,
à ce moment-là, "ou bien on
meurt ou bien on se regroupe".
Et c'est là que les indépendants
ont vraiment commencé à mettre
la table. Le premier, ç'a été
Provigo, qui était l'union
de Couvrette & Provost,
de Montréal, de Lamontagne,
de Québec et de Deneault,
de Sherbrooke. Plus ***, c'est
Métro, qui s'appelait Lasalle,
à ce moment-là, qui est devenu
Métro, qui ont formé... qui ont
fusionné avec Richelieu. C'est
devenu Métro Richelieu. Après
ça, ils ont fusionné également
avec Épiciers Unis de Québec.
C'est devenu Métro Richelieu
Épiciers Unis, et finalement,
ils sont redevenus des rois.
- [Narrateur]: Désormais,
les regroupements d'épiciers
deviennent des joueurs
de plus en plus importants,
dont Steinberg doit tenir
compte. Dans les années 1970,
Steinberg tente un grand coup
pour devancer la concurrence.
- Ce qui s'est passé,
c'est que Steinberg a lancé
effectivement ses coupons de 5%
et deux heures après, Provigo
arrivait avec 6% comptant. Le
lendemain matin, Métro faisait
la même chose et IGA faisait
la même chose! Et en l'espace
de trois ou quatre semaines,
Steinberg a dû hisser le drapeau
blanc et demander et...
ils ont tout arrêté et Steinberg
ne s'en est jamais remis.
- [Narrateur]: Après la mort
de Sam Steinberg, en 1978,
son empire ne lui survivra pas,
faute de relève. En 1992,
les deux concurrents, Métro
et Provigo se partageront
les magasins Steinberg.
Pendant ce temps, un tout autre
concept se taillait une place
en alimentation: le dépanneur.