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les premiers, mettent en valeur
les ressources hydro-électriques
de la région. En 1926, le magnat
américain du tabac, James
Buchanan Duke, s'associe à
un géant du secteur forestier,
William Price le troisième,
pour exploiter le potentiel
hydro-électrique de
la rivière Saguenay.
- LUCIE K. MORISSET, professeure
études urbaines et touristiques,
UQAM:
Si on regarde une carte du
Québec, on va voir quelques
grands bassins d'eaux: le bassin
de la Manicouagan - qui va être
exploité plus *** - et cette
espèce de grand lac, d'immense
réservoir d'eau qui est le lac
Saint-Jean, le lac Saint-Jean
qui se déverse dans le Saguenay.
Et on peut donc penser qu'en
bloquant ce déversoir, ce qu'on
appelle la Grande Décharge à
l'époque, on pourrait produire
une quantité phénoménale
d'hydro-électricité.
- GEORGES-HÉBERT GERMAIN,
auteur, Le génie québécois:
histoire d'une conquêête:
La construction de la centrale
de l'Isle-Maligne, ç'a été un
détonateur extrêmement important
parce que c'était la premièère
grosse production d'électricité
qu'on faisait dans la région.
C'était 8 turbines, je pense
que c'est 33 500 kilowatts,
donc c'était vraiment énorme.
C'était, à l'époque, la plus
importante centrale hydro-
électrique qu'il y avait
au Canada, peut-être même en
Amérique du Nord. Et ç'a coûté
une petite fortune. C'était,
en dollars de l'époque, c'était
55 M$, ce qui était à peu près
l'équivalent de 2 fois le
produit intérieur brut, c'est-à-
dire les revenus du Québec dans
les années 1926-1927.
- Price s'engage à acheter
40% de cette énergie pour une
usine de pâte à papier. Quant
au surplus, l'Aluminium Company
of America, Alcoa, déjà présente
à Shawinigan, désire en disposer
pour l'usine qu'elle compte
bâtir à Kénogami.
- Très vite, le site devient
connu comme le seul endroit
au monde où on peut produire
autant de mégawatt au niveau
de la mer. Mais il y a aussi
une infrastructure de transport
qui est déjà présente, un
port en eau profonde, un port
transocéanique où on peut
importer de la bauxite, importer
les matériaux éventuellement
nécessaires àà la production
de l'aluminium qui est donc
un processus extrêmement
sophistiqué. Et làà, on
voit bien, donc, le port
transocéanique, les voies
ferroviaires qui sillonnent la
plaine, les villes qui existent
déjà à proximité qui peuvent
laisser penser qu'on pourrait
accéder à un bassin d'ouvriers
qui travaillent déjà dans la
région, donc Jonquière, par
exemple, Kénogami, Chicoutimi.
Et surtout, une capacité
d'établir un ensemble industriel
avec extraction de l'alumine
et avec électrolyse de cette
alumine pour produire de
l'aluminium, un ensemble
industriel complètement
et parfaitement autonome.
- À l'époque, il y avait la
grosse aluminerie, c'était
américain évidemment, c'était
Alcoa. Et le grand patron
d'Alcoa, c'est un personnage
très haut en couleur, qui était,
je pense, équipé d'un ego
surdimensionné qui s'appelait
Arthur Vinning Davis.
- C'est donc une usine tout àà
fait autonome qu'Arthur Vinning
Davis peut planifier à Arvida.
Ça va être, à l'époque,
la première usine de cette
envergure-là à laquelle
on n'ait jamais pensé dans
l'histoire de l'humanité.
- Arthur Vinning Davis a eu
l'idée de construire l'usine,
évidemment, et de construire
aussi une ville de compagnies
et de le faire non pas de façon
anarchique comme ça s'était fait
aux États-Unis trèès souvent et
ailleurs, mais d'avoir vraiment
des urbanistes, des ingénieurs
qui ont dessiné une ville,
qui est la ville d'Arvida.
D'ailleurs, Arvida, ce sont les
2 premières lettres de chacun
des noms de Arthur Vinning
Davis. C'est Arvida.
- Pour assouvir son désir d'un
projet social, pour créer cette
grande utopie, Arthur Vinning
Davis veut non seulement que
chaque travailleur ait sa petite
maison, mais il veut aussi
que ces petites maisons soient
différentes les unes des autres.
Alors, on va planifier, oui,
toutes les maisons, mais on
va planifier aussi tous les
lampadaires. La ville va
évidemment être électrifiée,
électrifiée en souterrain. On
planifie tous les lampadaires en
aluminium. Et puis, finalement,
dans les années 50, en fait, en
1950, avec un grand monument qui
affirme "C'est ici que ça se
passe, l'aluminium", un pont
d'aluminium qui est, à ce jour,
le seul pont, en fait, le
principal pont routier en
aluminium au monde et qui
va être reconnu par toutes
les tribunes à l'époque
de sa construction.
- Et même au plan esthétique,
on avait à l'époque, encore
aujourd'hui, mais peut-être
plus à l'époque, le souci dans
les ouvrages industriels qu'on
construisait. On avait un souci
esthétique. Quand on regarde,
par exemple, les barrages hydro-
électriques de Shipshaw ou même
la chute à Caron, on faisait
des choses extraordinaires,
je trouve. C'était l'époque
art déco, les années 20, les
années 30. Il y a eu des designs
vraiment extraordinaires. Et
d'ailleurs, aujourd'hui, si on
regarde Arvida ce que c'est
devenu, je trouve que c'était
bien pensé, c'était bien
imaginé, ç'a bien vieilli.