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Bonjour!
Salut!
Quelle est ton histoire avec la dance et la dancehall ?J'ai commencé la danse lorsque
j'avais 13 ans, à l'école, avec mes potes. J'ai fait du breakdance, bboying. Il n'y avait
pas de cours de danse dans ma ville, donc nous devions apprendre par nous-même, en
regardant les clips à la télé (et nous n'avions pas internet). Tout ce qu'on avait,
c'était la musique. Ensuite, j'ai commencé à danser en boîte et c'est ainsi que j'ai
découvert le HH. J'allais dans les villes voisines à la mienne, pour prendre des cours
et avoir le maximum d'informations là-dessus. Et lorsque j'ai achevé ma formation, j'ai
déménagé à Moscou. En 2005, j'ai pris mon 1er cours de Ragga avec Laure Courtellemont :
cette expérience m'a retourné le cerveau, et je ne pouvais plus danser, ni écouter
de la musique de la même façon ; j'en suis tombé complètement amoureux. J'ai donc enchaîné
les masterclass avec pleins de profs différents, notamment avec la Ragga Jam Team Russia.
Je prends toujours des cours de danse, tous styles confondus : waacking, breakdance,
popping, locking, etc. C'est important pour moi, parce que c'est très inspirant. Mais
je n'enseigne que de la dancehall. Parfois, c'est très « roots » lorsque je ne fais
que des steps mais j'adore faire des chorégraphies. Ce n'est pas de la dancehall pure, mais j'utilise
les mêmes mouvements, le même sentiment, la même musique et la même attitude, mais
à ma façon.
Pourquoi la dancehall te touche autant ?
On me pose souvent cette question, et j'ai du mal à y répondre. Je ne sais pas si c'est
plutôt la dancehall qui m'a choisie (rires). Je suis complètement tombé amoureux de cette
musique et de ces rythmes.
Et que ressens-tu quand tu danses ?
Je pense que tout est une question de musique : tu peux avoir une chanson triste et un ressenti
extrêmement fort et puissant, ou au contraire une chanson très joyeuse (cf : Allingo)
et apprécier chaque mouvement, l'énergie qui s'en dégage.
Comment crées-tu tes chorégraphies ?
J'écoute tout : aussi bien les anciennes chansons que les nouvelles et lorsque je sens
que j'ai des frissons lorsque j'en écoute une, alors ça veut dire que c'est « ma »
chanson. J'essaye ensuite d'apprendre les paroles (même les plus sales) et j'utilise
le beat. Je mets la musique et je tente différentes choses, jusqu'à ce que je construise une
chorégraphie. Ceci a l'air compliqué, mais lorsque tu crées continuellement, c'est assez
simple. Mais c'est très dur de choisir le bon son.
Tu as parlé de Laure. Qui sont les danseurs qui t'inspirent le plus ?
Hum... ça peut être des danseurs aux styles complètement différents. Maintenant, je
ne m'arrête plus sur les chorégraphies ou les steps mais j'essaye de retenir l'attitude
des différents professeurs. Du coup, lorsque je participe à un workshop, j'essaye de prendre
tous les cours qui sont donnés, si j'en ai la force (rires). Par exemple aujourd'hui,
j'ai pris les six cours et le dernier était le mien. J'ai envie de savoir ce que ressentent
ces professeurs lorsqu'ils créent leur chorégraphie, sentir l'amour qu'ils ont mis dedans. C'est
une des choses les plus importantes que je puisse apprendre.
Après, je n'ai pas envie de ressembler à quelqu'un. Je veux être moi, je veux pouvoir
me dépasser et grandir davantage chaque jour. J'essaye d'apprendre de nouvelles choses tous
les jours, que ce soit dans les steps, les chorégraphies, le hip-hop, la dancehall,
et tous les autres styles. Quand j'étais parti aux US par exemple, j'ai pris tous les
cours de danse. C'est enrichissant.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu'un qui souhaiterait percer dans la danse ?
C'est assez dur, parce que c'est très personnel, chaque personne est singulière. Peut-être
qu'un danseur aura besoin de travailler sa technique, tandis qu'un autre devra travailler
le feeling. Mais la seule chose que je pourrais dire, et que je répète assez souvent, c'est
qu'il faut aimer ce que l'on fait : sans cet amour, tu ne peux pas avoir le bon feeling.
Lors d'un cours de voguing, le professeur, ..., a dit que peu importe ce que l'on fait,
peu importe la couleur de notre peau, nous devons danser pour la bonne raison. Mais en
fonction du danseur, la raison est différente. Voilà pourquoi il faut danser avec amour.
Tu peux être fort techniquement, mais n'avoir aucun feeling ; ou au contraire avoir un
vrai flow et être mauvais en technique. Mais avant tout, tu dois aimer ce que tu fais,
tout en restant fort, humble, et surtout apprendre tous les jours. Apprends et aime ce que tu
fais.
Sinon, quelle relation ont les russes avec la dancehall ?
Eh bien, je ne peux pas être très objectif mais je pense que le niveau en Russie et en
Ukraine est très haut. Nous avons énormément de workshops avec beaucoup de danseurs, dont
des danseurs jamaïcains. Et maintenant, les organisateurs du BIG UP PRODUCTION sont en
train d'emmener ces danseurs jamaïcains en Europe (cf : BIG UP KEMP). Toutes les personnes
qui font de la dancehall veulent apprendre la base avec ces professeurs-là. Et c'est
d'ailleurs moins cher d'assister à leurs cours au BIG UP KEMP qu'en Jamaïque. Mais
j'encourage qui que ce soit à assister au BUK (la semaine est à 800e mais, en économisant
toute l'année c'est possible) ou à leurs workshops, parce que c'est vraiment enrichissant.
En Russie, nous avons un voire deux workshops tous les mois de danseurs différents. Chaque
professeur choisit son propre style : il y en aura qui préféreront danser sur les
steps, d'autres sur des choses plus chorégraphiées. Mais l'important, c'est que nous soyons ensemble,
qu'importe que nous choisissions un style ou un autre.
Mais pourquoi la dancehall a connu autant de succès en Russie ?
Je pense que beaucoup de gens ont eu la même histoire que moi : tout est une question
de professeur. Tu peux connaître et tomber amoureux toutes les danses si tu as le bon
professeur. Avoir un professeur qui est prêt à tout pour nous, c'est génial ; et peu
importe le style de danse qu'on pratique. Il y a énormément de danseurs dancehall
en Russie, et c'est pour ça qu'on a autant d'élèves. On partage la culture dans pleins
de villes, on voyage un peu partout dans le pays. Et c'est pour cela que le niveau ne
cesse d'augmenter et que cette danse est de plus en plus populaire.
Ok, merci pour tout. Le mot de la fin ?
Je sais que c'est une phrase qu'on entend souvent, mais je dirais « One love, one
dance ». Aime la danse que tu danses, et danser la danse que tu aimes. Reste toi-même,
tâche de grandir davantage tous les jours. Et sois donc honoré et fier d'être la personne
que tu es. C'est la meilleure chose... Et merci !