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« Je suis Jean Claude ERMENAULT, je travaille au CEFAC qui est un centre d’études et
de formation qui se trouve à Paris et qui forme depuis une cinquantaine d’années
des conseillers d’entreprise que vous trouvez dans des structures consulaires comme les
Chambres de Commerces mais aussi des Métiers, ou des organisations professionnelles. J’assure
dans cette structure la direction des métiers de l’économie numérique et on m’a
confié, il y a trois, ans la direction du programme gouvernemental « passeport pour
l’économie numérique ». Je fais un rappel pour ceux qui n’ont pas trop entendu
parler de ce passeport pour l’économie numérique. Nous avons vu de superbes histoires
d’entreprises cet après-midi, je vais vous parler des TPE, les très petites entreprises.
Je n’aime pas trop ce terme car je trouve que c’est un peu péjoratif. Je parle plutôt
d’entreprises de proximité. Nous allons y trouver tout ce qui est commerce, artisanat,
services, et le secteur du tourisme. En 2006, une étude a été faite. Elle s’appelait
TIC-TPE et confirmait la vraie fracture numérique que nous avions dans l’utilisation des technologies
dans cette typologie d’entreprises. A l’époque, Renault DUTREILLE était Ministre des PME.
Il a lancé cette opération qui était le passeport pour l’économie numérique
et qui consistait à diffuser sur l’ensemble du territoire des modules d’initiation découverte
pour l’ensemble de ces entreprises qui pouvaient y accéder gratuitement, et qui pouvaient
y accéder dans des structures comme les Chambres de Commerce, les Chambres de Métiers.
Nous y trouvions également des collectivités locales qui travaillaient dans ce domaine.
Ont été écrits à l’époque une vingtaine de modules touchant toutes les problématiques
de l’utilisation et des usages des TIC par rapport à ce public précis d’entreprises.
Nous n’étions pas encore tout à fait au stade de la formation, mais au stade de
l’initiation découverte. J’ai toujours placé cela comme étant la première marche
de l’escalier numérique. Que puis-je en faire ? Comment cela fonctionne-t- il ? Y
a-t-il des préalables ? Nous avions encore un peu peur du public qui était en face
de nous. Comment vais-je rentrer dans cet univers technologique ? Il y a tellement de
choses. Le but était de prendre ces points de repère. Cette opération a duré sur
2007-2008. Concrètement sur le terrain, cela représente aujourd’hui un réseau
de sept cent cinquante animateurs qui sont dans les structures que je viens de citer
et qui utilisent des scenarii pédagogiques normalisés. Ce sont les mêmes sur l’ensemble
du territoire, donc c’est intéressant. Cela veut dire que je reçois le même type
de message où que je sois. Ces sept cent cinquante animateurs ont été formés
préalablement. Il y a donc eu des formations de formateurs, et
les chefs d’entreprises sont accueillis dans à peu près six cents point d’accueil
repartis sur ce territoire. En 2007, la machine s’est mise en route et en 2008 elle a atteint
sa vitesse de croisière. Cela marchait bien. En termes de résultats, nous avons passé
le cap de plus de soixante mille entreprises dans ces sessions d’initiation découverte.
Ce n‘est pas rien. Il y a encore du travail à faire, tout le monde n’a pas franchi
le pas. Nous pensions qu’il y avait encore deux cent mille entreprises à passer dans
ces modules, donc ce n’est pas terminé. Fin 2008 s’est posé le problème pour
l’opération qui était théoriquement terminée. Hervé NOVELLI, secrétaire
d’Etat aux PME, a décidé de reprendre cette opération en relançant une deuxième
phase du passeport à partir de maintenant. C’est un scoop parce que nous avons réécrit
les modules. Ceux écrits en 2006 ne sont plus d’actualité. Nous sommes sur de la
technologie donc cela bouge énormément. Les premiers modules ont dû arriver hier
ou aujourd’hui dans les fameuses structures. Nous allons partir sur le même type de processus.
Il y a encore un besoin d’initiation découverte pour prendre ces points de repères. A la
demande des TPE qui ont suivi cela et des animateurs, nous avons évacué la technologie
et nous ne parlons plus que des usages aujourd’hui, parce que c’est ce qui est intéressant.
Quand nous regardons les évaluations de ces modules sur deux ans, quand nous essayons
de voir qui a suivi cela, nous commençons à distinguer un certain nombre de populations.
Contrairement à ce que nous pouvions penser, des premières statistiques nous ont montrés
qu’il n’y avait pas que les nouveaux chefs d’entreprises et créateurs qui suivent
ces initiations, mais il y avait un fort pic pour les entreprises qui étaient installées
depuis dix ans. Donc c’est une bonne chose parce qu’il y a un vrai besoin d’initiation
et d’information. Quand je suis dans ce type d’entreprise, concernant la technologie
j’y vais par contrainte parce que le fournisseur me dit du jour au lendemain que c’est terminé
pour la commande papier, terminé pour la commande minitel (parce que certain secteurs
utilisent encore le minitel pour passer les commandes). D’ici trois mois, il faudra
passer par internet. Qu’est ce que cela veut dire concrètement ? Comment allons-nous
l’implanter dans l’entreprise ? Nous avons été très contents de voir que ces entreprises,
qui avaient plus de huit ans ou dix ans, avaient bien accroché sur cette partie des sessions.
Le deuxième point fort de cette opération s’est passé autour des créateurs d’entreprises.
Ce sont des personnes qui baignent déjà dans la technologie, ils l’ont eu dans leurs
études précédentes, dans leur vie professionnelle précédente, et un jour ils ont un projet
de création d’entreprise et ils s’y engouffrent. Quand vous les interrogez, pour
eux il n’y a aucun doute : Ils vont utiliser de la technologie, qu’elle soit sur Internet
ou qu’elle soit de l’informatique de gestion. Par contre, ce public de créateur d’entreprise
a des questions de plus en plus pointues : « Ce n’est pas la peine de m’expliquer
comment fonctionne Internet, je l’ai chez moi, cela fonctionne. Ce n’est pas la peine
de m’expliquer ce qu’est un tableur, je sais ce que c’est et je l’utilise. Par
contre quels sont aujourd’hui les critères de choix d’un logiciel de gestion d’entreprise
? » C’est souvent par rapport à un métier. Nous avons donc réorienté nos modules
justement dans cette partie métiers, parce que ce n’est pas simplement lié à de
la technique, mais c’est la vie au quotidien de l’entreprise et celle-ci est liée directement
au secteur d’activité. L’autre effet pervers est d’avoir tendance dans cette
situation à faire un « copier-coller » de ce que l’on fait chez soi dans son entreprise.
Le passage du personnel au professionnel n’est pas toujours bien assumé. Il y a là aussi
un accompagnement fort à faire par rapport à ces entreprises, en raison de problèmes
de sécurité ou de problèmes de traitement de l’information. Nous rencontrons ce
phénomène par rapport à ce public. Nous avons également observé un autre phénomène
qui a réorienté notre approche et nos positions par rapport à cette deuxième
phase du passeport. C’est souvent une méconnaissance de l’offre et de la manière dont a évolué
la technologie qui, je le dis souvent à des chefs d’entreprises, vous donnent le
droit à l’essai. Il y a quelques années, quand je voulais mettre de la technologie
dans une TPE, une entreprise de proximité, il fallait déjà mettre de l’argent sur
la table et il fallait investir quelques fois relativement fort sans trop savoir ce que
cela allait donner. Aujourd’hui, beaucoup de solutions existent et permettent de mettre
le pied à l’étrier et de commencer progressivement avec toutes les solutions qui existent aujourd’hui
en ligne, avec cette tendance sur Internet d’avoir des premières choses gratuites
et payantes lorsque l’on passe à des versions premium ou autres. Il y a le droit à l’essai.
Nous favorisons aujourd’hui le passage à l’acte. Aujourd’hui, dans les formations
et les initiations que nous pouvons faire à ce public d’entreprise, il est essentiel
de leur montrer cela. Il faut les accompagner, les aider dans la mise en place des outils
d’analyse de besoin et de diagnostic. Souvent, ces créateurs d’entreprises sont souvent
des « acheteurs de boites ». Ils ont chez eux un appareil photo numérique, achètent
une « boîte traitement d’image », ensuite un traitement de texte. Le seul problème,
c’est que dans le même rayon il y a gestion commerciale. Ils prennent alors la boîte
qui souvent n’est pas adaptée, parce que c’est peut être une boîte qui passe
les ventes par la facture alors qu’ils ont une boutique, et cela ne fonctionne pas.
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