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qui étaient moins payantes
aussi. Les jeunes canadiens-
français allaient pas vraiment
vers le génie puisqu'il y avait
pas d'école aussi bien organisée
que l'École de génie de
l'Université McGill, par
exemple. Et quand je dis
"organisée", c'est qu'àà
l'Université McGill, il y
avait une proximité avec les
grands milieux d'affaires. Et
des grands projets de génie,
ça se fait avec des milieux
d'affaires, ça se fait avec
beaucoup d'argent.
- Et c'est pour ça que la
Shawinigan, en 1963, a vécu très
amèrement la nationalisation.
Mais cependant, tous ceux qui
sont passés par la Shawinigan
et qui ont été intégrés par la
suite à l'Hydro-Québec ont fait
des carrières remarquables.
- JEAN-MARC CARPENTIER,
journaliste, vulgarisateur
scientifique:
Et c'est un peu ce noyau-là
de gens qui avaient travaillé
à la Shawinigan Engineering,
qui avaient travaillé à la
Shawinigan Water and Power
avec d'autres ingénieurs
naissant à Montréal
d'entreprises qui ont donné
finalement naissance à la
grande tradition d'ingénierie
du Québec. Ces firmes-là se
sont bâties très souvent en
travaillant dans le domaine
de l'énergie, notamment pour
Hydro-Québec beaucoup. Donc,
la tradition de sous-traitance
d'Hydro-Québec d'aller faire
faire du travail par des
firmes d'ingénierie a
amené la croissance de ces
entreprises-là. Et même la
compagnie Shawinigan Water and
Power avait déjà fait des plans
pour la Baie-James, avait fait
des relevés du potentiel hydro-
électrique de la Baie-James et
envisageait éventuellement plus
*** de le faire. On était à ce
moment-là dans les années 50
et on savait qu'il y avait du
potentiel à la Baie-James.
- Il y a aussi une volonté
politique qui fait qu'à partir
des années 60, on a voulu
imposer des firmes québécoises,
des firmes canadiennes-
françaises. Quand Hydro
nationalisait la Shawinigan
Power, la Montreal Power,
il y avait évidemment dans les
cartons de ces entreprises-là,
il y avait toutes sortes de
projets qu'ils pouvaient
réaliser, mais ils ne gardaient
pas le bureau d'ingénieurs.
Alors, il y a des bureaux
d'ingénieurs qui, dans les
années 60, des ingénieurs
d'ici, de Montréal, de Québec,
de partout, qui se sont formés
pour avoir comme client Hydro-
Québec, ce qui a permis aux
firmes d'ingénieurs du Québec
d'acquérir un "pouvoir-faire",
qu'eux-mêmes puissent réaliser
les grands projets. Et c'est
ce qui s'est passé beaucoup
grâce à Hydro-Québec.
- Mais un projet
particulièrement audacieux
marquera à tout jamais le
développement économique du
Québec et l'implication des
ingénieurs québécois: le
développement de la rivière
Manicouagan et la construction
du barrage Manic-5.
- Ben, Manic-Outardes, ç'a été
pour les ingénieurs une période
extrêmement stimulante. Pour la
première fois, des ingénieurs
québécois étaient vraiment sur
le chantier, non pas uniquement
comme des exécutants, mais ils
participaient à la construction,
mêême jusqu'à un certain point,
l'élaboration, même si
l'expertise de ces sortes
de barrage à voûûtes, c'était
une expertise française. Et
si la firme qui chapeautait
les travaux était une firme
française, beaucoup de firmes,
dont SNC-Lavalin, ont été
associées àà la construction,
à l'élaboration du barrage,
mais il y a aussi les routes,
il y a les baraques autour,
il y a toutes sortes
d'infrastructures qu'il faut
construire. Et ça, ce sont les
ingénieurs québécois qui ont
été les artisans et les maîîtres
d'oeuvre de tout ce qui a eu
autour de Manic-Outardes.
- Le plus grand défi auquel les
ingénieurs québécois ont à faire
face pour la mise en chantier
de Manic-Outardes, c'est le
gigantisme des ouvrages et
la très grande puissance des
centrales. Du jamais vu.
Inauguré en 1968, le barrage
Daniel Johnson à Manic-5 est
le plus grand barrage à voûûtes
multiples au monde.
- Le projet Manic-5 a été un
projet complexe. Je veux dire,
c'est un barrage qui est de plus
de 200 mètres de hauteur. Donc,
il y avait 2 approches qui
avaient été considérées pour
réaliser le barrage: soit un
barrage en remblai, soit un
barrage à voûtes multiples.
Ce barrage à voûtes multiples
là serait à ce moment-là
le plus grand au monde.
Il l'est encore d'ailleurs.
- Pour réaliser cet exploit hors
norme, SNC s'engage dans une
voie avant-gardiste pour
l'époque: l'ordinateur.
- À ce moment-là, SNC a acheté
un ordinateur qu'elle a été
obligée de monter par une grue
au 10e étage de l'édifice
qu'elle occupait à ce moment-là.
Et cet ordinateur-là a servi
pour le projet et ensuite a
été utilisé pour la plupart
des autres projets qui ont été
conçus par la suite jusqu'à
qu'on vienne à des niveaux de
calcul un peu plus intéressants
avec d'autres types
d'ordinateur.
- Mais c'est le projet de
développement de la Baie-James
qui donnera toutes ses lettres
de noblesse à l'ingénierie
québécoise.
- En avril 1971, Robert
Bourassa, au Colisée de Québec,
lance le grand projet de la
Baie-James, ce qui a fait un
remous extraordinaire. Ç'a
déclenché évidemment une course
aux contrats. Toutes les firmes
d'ingénieurs se sont dit:
"Ben, maintenant que nous
sommes maîtres chez nous" -
parce que c'était le slogan
du prédécesseur de Robert
Bourassa -, "on va être les
"maîtres d'oeuvre de cet immense
projet de la Baie-James."
Et c'est àà la suite... C'est
pendant qu'on construisait LG-2
ici, les grands barrages de
la Baie-James, que les firmes
québécoises explosaient. C'est
tout de suite après que Lavalin
est devenue l'une des plus
grandes firmes d'ingénieurs-
conseils au monde. SNC aussi.
(Paroles indistinctes)
- Au moment de la fusion,
SNC et Lavalin étaient les
2 plus importantes firmes
d'ingénieurs-conseils au Canada,
donc ce qui a fait que SNC-
Lavalin est devenue une des plus
grandes firmes d'ingénieurs-
conseils au monde suite à cette
fusion en 91. Le projet de la
Baie-James a permis à Lavalin
de développer son expertise dans
le domaine d'hydro-électricité,
mais aussi dans le domaine de la
gestion de grands projets, que
ce soit des projets au Québec,
au Canada ou à l'étranger.
- ANDRÉ BOLDUC, économiste et
auteur, Le Québec, un siècle
d'électricité:
L'exportation de tout ce
savoir-faire, si vous voulez,
à laquelle ont participé les
maisons de génie-conseil
québécois, ce qui leur a
donné à chacun d'eux une carte
pour cheminer sur le plan
international et offrir leurs
services aux Indes, au Japon,
en fait, un peu partout
à travers le monde.
- Et ça leur a permis de grandir
ou de devenir ce que SNC-Lavalin
est présentement, c'est-à-dire
avec des bureaux permanents
dans plus de 35 pays.
- La réalisation de ces
mégaprojets fait du Québec
un des plus importants
fournisseurs d'énergie en
Amérique du Nord. L'hydro-
électricité est désormais une
marque de commerce québécoise.