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L'étude du comportement des
survivants aux accidents d'avion
peut dévoiler aux spécialistes
des indices vitaux.
Depuis dix ans, le professeur
Ed Galea a passé en revue plus
de 2 000 comptes rendus de
survivants d'accidents d'avion.
Il a constitué une base de
données unique.
ED GALEA, professeur
Université de Greenwich
>> La base de données a été
élaborée pour nous aider à
comprendre notre comportement
lors des accidents d'avion.
Jusqu'ici, la base de données
comprend plus de 100 accidents
et les comptes rendus de plus
de 2 000 passagers et membres
d'équipages.
On tente de trouver des modes
de comportement généraux dans
divers types d'accidents afin de
mieux comprendre le comportement
humain.
>> Avec ces données, Ed Galea
tente de répondre à la question
la plus controversée en sécurité
aérienne : quelles sont les
places les plus sécuritaires
à bord d'un avion?
>> On a examiné l'endroit où ces
personnes étaient assises afin
de déterminer si cela a joué
un rôle dans leur survie.
>> Pour cela, Ed Galea a analysé
ce qu'a fait chaque passager
à la suite de l'impact.
Dès le début, il a fait une
constatation surprenante.
>> La plupart des gens se
disent: je sais comment défaire
ma ceinture de sécurité.
>> En état de stress, lors d'un
écrasement, il n'est pas aussi
facile qu'on le croit de défaire
sa ceinture de sécurité.
>> Nous avons constaté que
bien des gens, dans ce contexte
d'urgence, lorsque leur vie est
en danger, ont de la difficulté
à déboucler leur ceinture.
Les gens tentent souvent
d'appuyer sur un bouton sur
la ceinture. Dans ce contexte
d'urgence, le comportement
normal reprend le dessus, et
qu'est-ce que c'est, pour la
plupart? C'est la ceinture de
sécurité de leur auto, et dans
l'auto, on appuie sur un bouton.
Un passager, un pilote, en fait,
ne parvenait pas à déboucler sa
ceinture lors d'une évacuation.
Il appuyait sur le bouton au
lieu de soulever l'attache de
la boucle.
Ces ceintures de sécurité sont
différentes de celles qu'on a
dans les voitures. Il faut
soulever l'attache. C'est très
important.
>> Peu avant l'écrasement du
vol 232 de United Airlines,
le pilote a prévenu tous
les passagers.
JUDY BRAZELL, Vol 232
United Airlines
>> Le commandant Haines a dit :
"Je ne vais pas vous conter
d'histoires : l'atterrissage
va êêtre très difficile."
>> À la suite d'une défaillance
d'un moteur, le pilote a dû
poser l'avion d'urgence.
Judy Brazell et sa grand-mère,
Gladys Copper, étaient àà bord.
>> Soudain, dans l'interphone de
bord, on a entendu : "Position
de protection." On l'a répété
trois fois. Aussitôôt, ma grand-
mère et moi, nous avons baissé
le torse pour agripper
nos chevilles.
Puis, je me souviens d'avoir
entendu un bruit tellement
assourdissant.
L'avion a frappé la piste et il
a rebondi. C'était une boule
de feu, une boule de flammes.
>> Au moment de l'impact, Judy
a perdu connaissance. Quand elle
a repris conscience, elle était
suspendue dans son siège la tête
en bas.
>> Une fois l'avion arrêté, j'ai
tenté de déboucler ma ceinture.
J'ai eu un peu de difficulté
à la déboucler.
Je ne sais trop comment,
j'ai rampé pour retourner
là où j'étais et j'ai tenté
désespérément de dégager ma
grand-mère. J'essayais de
déboucler sa ceinture.
J'ai dit à ma grand-mère :
"Peux-tu déboucler ta ceinture?"
Elle a dit : "Non, je n'y
parviens pas. Désolée."
Je lui ai dit que moi non plus,
je ne parvenais pas à déboucler
sa ceinture. Et alors, à ce
moment-là, j'ai demandé à ma
grand-mère : "Est-ce que
je peux partir, maintenant?"
J'ai demandé à cette femme
la permission de partir et elle
a dit : "Pense à ta vie, c'est
ta vie."
>> N'ayant pas pu déboucler
la ceinture de sa grand-mèère,
Judy a dû la laisser derrière.
Elle devait maintenant trouver
la sortie.
La plupart d'entre nous n'auront
jamais l'occasion de faire
un exercice d'évacuation,
mais notre comportement dans ce
contexte désespéré peut s'avérer
vital.
HELEN MUIR, professeure
Université Cranfield
>> Plus de 9 fois sur 10, lors
d'un accident d'avion, plusieurs
personnes survivent. Ce qui est
primordial, c'est ce que vous
savez, ce que vous faites.
>> La professeure Helen Muir
est une sommité mondiale
du comportement lors d'une
évacuation. Elle a étudié
des centaines de simulations
d'évacuation d'avion. Depuis
10 ans, elle a mis au point
une méthode unique pour étudier
le comportement des gens dans
des contextes où leur vie est
en danger.
>> L'un des défis pour étudier
ce qui se passe dans une
situation d'urgence réelle,
c'est de concevoir une
simulation qui soit la plus
réaliste possible sans que
les gens courent un risque
physique ou psychologique.
Si on dit aux gens de sortir
le plus vite possible, ils vont
se mettre en ligne, comme à
l'école. Mais quand leur vie est
en danger, ils se précipitent
vers les sorties. Pour les
inciter à faire cela, on leur
dit qu'on va donner 10 $ à la
première moitié qui va sortir
et alors, tout le monde se
précipite vers les sorties,
comme lors d'une urgence.
>> Pour toucher 10 $,
les passagers se comportent
comme si leur vie était en
danger.
>> Ces personnes à qui on a
offert un bonus, on les voit
passer devant les autres et on
voit comment la congestion se
produit. C'est ce qui se passe
dans la cabine quand tout le
monde tente désespérément de
sortir avant les autres. Même
s'il ne s'agit que d'un test
des survivants d'accidents
d'avion nous ont confirmé que,
oui, ça se passe comme ça.
>> En étudiant ces simulations
et en parlant aux survivants,
Helen Muir a découvert qu'on
pouvait accroître ses chances de
survie lors d'un écrasement en
faisant une chose toute simple.
>> Nous avons appris que les
gens qui survivent sont creux
qui ont un plan, qui savent
où aller, qui attendent les
directives des agents de bord,
qui suivent ces directives
ou qui mettent leur plan à
exécution.
>> Donc, avant le décollage,
il faut envisager l'impensable.
Planifier dans le détail ce
qu'on va faire s'il y a une
évacuation d'urgence. Mais
planifier une évacuation peut
se compliquer quand on voyage
en groupe.
>> Ceux qui voyagent en famille,
la première chose qu'ils font,
c'est de réserver des places
de manière à s'asseoir ensemble.
>> Lors d'une évacuation,
les groupes peuvent être scindés
et en cherchant les autres,
on risque de mettre en danger
la vie de tous les passagers.
>> Même si on cherche
instinctivement à trouver
les siens, il est préférable
de sortir de l'avion dès qu'on
le peut et de se regrouper
ensuite.
>> C'est un problème lorsque
quelqu'un va dans la direction
contraire des autres qui tentent
de sortir. C'est comme une rue
à sens unique. Il suffit qu'une
auto s'engage dans la mauvaise
direction pour tout paralyser et
la même chose peut se produire
dans l'avion. Si des passagers
tentent d'aller dans la
direction opposée, cela
ralentit tout.
>> Cela peut sembler difficile,
mais la meilleure approche pour
que tous sortent sains et saufs,
c'est de résister à l'instinct
et de convenir à l'avance que
chacun sorte comme il le peut.
>> Judy avait dû laisser
sa grand-mère derrière et
tentait désespérément de
sortir de l'avion en flammes.
>> Il faisait noir, la fumée
devenait plus dense et
je commençais à étouffer.
J'avais la gorge irritée et
je regardais tout autour.
Je me suis dit : comment sortir
de là? Il y a des lumières qui
délimitent les corridors dans
les avions. Je les cherchais.
Je regardais en bas, mais je
ne les voyais pas, car elles
étaient au-dessus de moi.
>> 111 personnes sont mortes,
dont Gladys, la grand-mère
de Judy. Mais le tiers de ces
personnes n'ont pas été tuées
par l'impact. Elles sont mortes
coincées dans l'épave par
un autre tueur :
la fumée.
Au retour: le siège le plus sûr.