On se sent très vulnérable sur scène,
il faut vraiment réfléchir à ce qu'on dit,
arrêter de se demander où on est.
Il faut vraiment s'impliquer dans une chanson.
Un des trucs du chant, c'est qu'il faut vivre chaque concert
comme s'il s'agissait du dernier.
C'est se sentir au bord du néant le plus total.
Bonjour, je suis Florence et nous sommes à Abbey Road,
et on est en cours de...
l'écriture de l'album est faite, donc on est
en cours d'enregistrement.
De toute évidence, je sais à quoi servent tous ces boutons,
et je suis aux commandes.
Je ne suis pas en train de lire des magazines, comme pourraient le penser certains.
On est en tournée depuis... deux ans ? Peut-être trois ? Deux ans et demi ?
On écrivait entre temps, juste après la fin
du premier album, j'ai l'impression que ça s'est passé très vite
et on est déjà de retour en studio, mais c'est sympa.
Je deviens un peu claustro, notamment parce qu'il n'y a aucune fenêtre,
et je dois me balader souvent. Souvent j'arrive ici, et une heure plus tard
je me dis « Bon, j'ai un peu avancé, je vais marcher un peu maintenant ».
On enregistre de façon assez épurée, puis on utilise des super synthés et on fait tout pour
que ça sonne bien et que ça paraisse cohérent.
On peut s'amuser avec beaucoup de trucs ici.
On a enregistré des corbeaux,
des synthés 8-bit,
j'ai fait chanter Flo avec des pédales d'écho.
On s'est aussi allongés sur le sol pour chanter.
Et marmonner.
"Ce que je devais chanter ? C'était juste un petit boeuf."
Paul a trouvé des sons qui ressemblent à des bruits de zombies,
des choeurs grégoriens.
On entend même un zombie se faire écraser la tête,
un son qu'on a utilisé à peu près sur tout l'album.
Ça fait un bon kick.
Les têtes de zombies.
On va essayer autre chose...
On dirait quelqu'un qui se fait décapiter.
C'est le pire de tous !
C'est pas mal une fois que le morceau est lancé.
Il y a beaucoup de garçons dans mon groupe,
je me suis dit que ce serait chouette de les faire enregistrer à Abbey Road,
je voulais voir les têtes de Rob et de Chris ici, et
Isy a pu jouer sur le piano d'Ob-La-Di, Ob-La-da.
Je voulais faire quelque chose de spécial pour tout le monde.
C'est toujours le cas à Abbey Road, rien qu'en y entrant,
on sent que c'est un endroit particulier.
Oui, George Martin est venu, c'était excitant.
Je ne savais pas qui c'était.
Tout le monde a fait « C'est George Martin ! » et là j'ai réalisé « Oh mon dieu, c'est George Martin ».
C'était très fun d'aller au studio et d'enregistrer des voix de fond,
c'est quelque chose que j'aime vraiment faire.
Je ne sais pas ce que Paul en a pensé,
parce que j'ai toujours tendance à...
les notes sont là et on comprend ce qu'il se passe,
puis je vais débarquer et faire des millions de voix différentes
jusqu'à ça ne ressemble à rien, j'envoie tout à Paul et je lui dis « Débrouille-toi».
Je ne sais pas encore ce qu'il en pense.
Un jour, on a eu une drôle de conversation au téléphone, il m'a dit
« Oui, j'aime bien, mais je pense qu'on va devoir les modifier,
histoire de bien les intégrer », je pense qu'il entend par là réduire leur volume.
J'ai essayé de faire adhérer Flo à mon approche de la production vocale,
mais en vain. Ça enlevait quelque chose à son travail d'artiste de toute façon,
je me suis donc mis en retrait et je l'ai laissée faire,
je la laisse refaire ce qui lui semble juste,
et on a trouvé un arrangement.
L'album a commencé dans le petit studio de Paul,
on s'amusait avec des rythmiques et des accords.
Pareil dans le bus avec Isa, pendant la tournée,
on a sorti sa MPC et on a commencé à enregistrer No Light, No Light,
une nouvelle chanson, dans un bus de nuit en direction d'Amsterdam.
On n'a pas dormi de la nuit,
dans le premier enregistrement, on entend encore le moteur
du bus. On essaie aussi de faire des chansons dans nos chambres d'hôtel,
mais nos voisins n'ont pas trop apprécié.
Probablement parce qu'on utilisait le mur qui nous séparait d'eux comme de percussions.
C'est mon premier studio,
regarde ! Il y a tous mes disques.
Regarde, le nom vient de ce
dessin que j'ai fait.
Florence est une machine.
L'astronaute a disparu cela dit.
On a écrit ça aussi, le même jour.
Les commandements de Florence.
Toujours avoir des graines sur soi.
T'as rayé « Soutenir le Coca Light » pour mettre « Écouter Dave et jouer au foot » ?
Je crois pas.
C'est ici qu'on compose nos tubes.
Dans l'espoir que Simon Cowell croira qu'ils ont été faits par un orchestre de 80 personnes et
que ça a coûté très cher.
Parfois, fignoler les paroles pour qu'elles soient le mieux possible
me donne l'impression de faire mes devoirs, parce que..
ça m'oblige à me dépasser. Parfois ça me semble très simple
de suivre le même rythme que la musique,
parce que c'est ce qui semble le plus naturel pour ma voix.
, Je fais attention de ne pas toujours faire la même chose,
pour éviter de me répéter.
Pour certaines chansons, j'ai pensé que ce serait sympa
que quelqu'un d'un peu triste puisse se sentir mieux
en les écoutant.
Un des fils conducteurs,
c'est l'héroïne torturée, Virginia Woolf,
Boadicée, le genre d'héroïne tragique qui revient souvent dans les chansons,
comme Jeanne d'Arc. C'est un mélange de force
et de passion, mais aussi de tragédie, de vulnérabilité
et de désastre.
Les paroles et l'univers visuel ont un côté gothique,
il y a toujours eu un côté très sinistre.
La plupart des chansons traitent de la transcendance, du diable,
du péché et du paradis.
On pourrait résumer ça par « On mon dieu, j'étais trop bourrée hier ».
J'aimerais sincèrement que
les morceaux de ce disque
fassent sentir mieux ceux qui les écoutent.