La plupart des gens ont déjà entendu
le mot <i>gerrymandering</i>, ou découpage électoral,
probablement pendant une élection présidentielle.
Qu'est-ce que c'est, exactement ?
En gros, c'est le processus de donner à un parti politique
un avantage sur un autre
en redessinant les limites des circonscriptions.
Par exemple, quand les démocrates
essaient de prendre l'avantage sur les républicains
ou le contraire.
Chaque parti veut remporter autant de circonscriptions que possible,
afin de pouvoir par exemple contrôler le budget de l'État,
ou se positionner pour remporter encore plus de circonscriptions plus tard.
Pour comprendre comment ce processus a commencé
et comment il se poursuit aujourd'hui,
il nous faut remonter en 1812 dans le Massachusetts.
Elbridge Gerry, gouverneur du Massachusetts,
a soutenu et ratifié une proposition de loi autorisant
de redessiner les limites des circonscriptions.
Le piège ? Les nouvelles limites favoriseraient son propre parti politique,
le parti démocrate-républicain, qui n'existe plus.
Gerry voulait que son parti gagne autant de sièges que possible au Sénat.
Plus il y a de membres de votre parti qui votent,
plus vous avez de chances de remporter une élection.
Les nouveaux contours furent dessinés afin d'inclure de nombreuses zones
qui aideraient le gouverneur Gerry à l'avenir.
Sa forme était si étrange que quelqu'un a dit
que la nouvelle circonscription ressemblait à une salamandre.
Le <i>Boston Gazette</i> ajouta le nom de Gerry au mot <i>salamander</i>
et voilà, <i>Gerrymandering</i> !
Le processus de division et de redéfinition
des circonscriptions électorales pour donner un avantage
à votre parti politique.
Alors, comment protège-t-on son propre parti politique
et applique-t-on ce processus à une circonscription ?
Il y a deux pratiques efficaces :
'tasser' une circonscription et 'casser' une circonscription.
On 'tasse' quand on dessine les contours des circonscriptions
où on entasse les électeurs de son opposant comme du bétail
dans aussi peu de circonscriptions que possible.
Si plus de circonscriptions signifie plus de votes,
moins il y a de circonscriptions, moins l'opposition obtiendra de voix.
Le fait de 'tasser' diminue le pouvoir d'influence de l'opposition.
'Casser', c'est le contraire : on prend une circonscription,
et on la casse en plusieurs morceaux.
C'est en général ce qu'on fait dans les circonscriptions
où l'opposition a de nombreux soutiens.
Le cassage répartit ces soutiens sur de nombreuses circonscriptions
privant votre opposant d'un grand nombre de voix.
Quand vous avez un grand nombre de gens
qui votent en général pour un type de parti,
on les appelle un bloc de votants.
Le cassage, c'est casser ce bloc.
Alors pourquoi un parti choisit de tasser les circonscriptions de son opposant
plutôt que de les casser ?
Ça dépend en fait de ce dont le parti a besoin.
Pour diluer les électeurs de votre opposant,
vous pouvez les entasser dans une circonscription
et laisser les circonscriptions environnantes
pleines d'électeurs de votre propre parti.
Ou si votre parti et vous êtes au pouvoir
au moment de redessiner les contours des circonscriptions,
vous pouvez les redessiner et vous faire une circonscription puissante
et étaler les électeurs de votre opposant
sur plusieurs circonscriptions environnantes.
Le gouverneur Gerry en 1812 voulait tirer un avantage pour son parti,
et a redessiné les contours de sa circonscription
dans son état de façon si insensée que sont nés un nouveau mot
et une nouvelle façon d'envisager comment les partis politiques
peuvent gagner des avantages sur leurs opposants.
Les politiciens pensent à des manières créatives
de dessiner les circonscriptions régulièrement.
Alors à l'approche d'une prochaine élection,
et que les politiciens appellent les gens à voter,
assurez-vous de regarder la forme de votre circonscription
et des circonscriptions environnantes.
Quelle surface votre circonscription occupe-t-elle dans votre état ?
Toutes les circonscriptions dans votre état ont-elles en gros la même forme ?
Combien d'autres circonscriptions sont mitoyennes de la vôtre ?
Mais posez vous toujours la question :
est-ce que ma circonscription ressemble à une salamandre ?